Publié dans Papotage, Premiers pas de maman

Les Confessions intimes de César

Lorsque j’ai appris que j’attendais Zarico, je n’y pensais pas vraiment, d’une manière ou d’une autre, le résultat était le même pour moi. Le plus important à cet instant précis était qu’il arrive en bonne santé. Seulement, jamais je n’aurai pu soupçonner, ne serait-ce qu’un instant, que je pourrai ressentir ça un jour.

Il m’aura fallu du temps, beaucoup de temps, trop certainement, et un très long cheminement personnel pour en arriver à ce terrible constat.

L’évidence s’est imposée assez rapidement, pour diverses raisons. C’était le mieux pour Zarico. il le fallait, et, vu nos antécédents, il était presque irresponsable de tenter l’impossible et de jouer avec le feu. Puis ce fut pour moi que ce devint obligatoire, par urgence, il n’y avait plus d’autres issues possibles.

Dans un sens, et je le concède aujourd’hui avec humilité, je fus soulagée de cette prise de décision, bon gré malgré. J’étais jeune, on avait pris la décision pour moi, à l’époque, ça m’allait très bien comme ça. En revanche, je ne me doutais pas que je réaliserai, bien plus tard, que ce fut l’une des plus douloureuses expériences de ma vie.

Sur le moment, j’étais soulagée que mes pires angoisses de souffrances physiques ne s’envolent en un coup de bistouri et une bonne anesthésie. Oui, mais voilà, j’avais omis un autre type de douleur, la douleur psychologique, celle qui se pointe sans crier gare, celle qui reste latente, qui te mine et ruine ton quotidien jonché de merveilleux moments sans que tu ne t’en aperçoives vraiment.

Il m’aura fallu trois ans, trois longues, ou trop courtes, tout dépend de quel côté on se place, pour me rendre à l’évidence. Tout est devenu limpide, clair comme de l’eau de roche, lorsque Lady s’est invitée dans mon ventre, et bien plus encore, lorsque le grand jour est arrivé.

La peur au ventre j’entamais un périple dont je me souviendrai toute ma vie.

Cette fois-ci, on n’a pas eu à décider à ma place, cette fois-ci mon corps a parlé, cette fois-ci je me suis battue pour avoir ce que je désirai réellement. Et, sans crier gare, mon instinct et ma volonté ont pris le dessus sur tout le reste. Je ne voulais pas revivre ce traumatisme que fut ma première césarienne.
Pourtant, encore à cet instant, je me cachais derrière des angoisses qui avaient bon dos, mais qui restaient crédibles aux yeux de tous. Je ne voulais pas (re)vivre « ça » toute seule, je ne voulais pas ressentir de nouveau cette sensation hideuse et terriblement horrifiante de suffocation et d’étouffement,  je voulais être avec lui, je voulais que l’on vive « ça », ensemble .
Certes, tout ceci est vrai, mais, bien plus que ça, je ne voulais pas être la spectatrice passive, allongée là, à attendre, les bras étendus comme Jésus sur sa croix, les premiers cris libérateurs de 9 mois d’une longue et fastidieuse attente. Je ne voulais pas accueillir un deuxième enfant sans pouvoir le toucher, l’attraper, l’embrasser, caresser son visage, le serrer dans mes bras libres et non prisonniers, attachés pour ne pas faire bouger les aiguilles plantées dans ma chaire. Je voulais pouvoir le garder tout contre moi, des heures et des heures, et non « 5 petites minutes ». Je voulais que l’on reste là, à s’apprivoiser mutuellement, à se regarder intensément, à s’apprendre par cœur, et non sans quoi, patienter deux longues terribles heures, seule, dans une salle froide et aux insipides, que mes jambes daignent se réveiller.

Je ne me suis jamais sentie aussi seule qu’à ce moment précis. Je n’ai jamais autant scruté et fixé les aiguilles de cette ridicule horloge accrochée tout en haut du mur, à quelques millimètres du plafond, à croire qu’ils étaient effrayés que les patients ne se lèvent et n’avancent les aiguilles.

Quand je suis remontée dans ma chambre, ce 18 avril 2013, j’ai trouvé un bébé dans les bras de mon compagnon, mon bébé, le mien. Mais voilà, je me suis sentie totalement démunie, comme si il avait manqué quelque chose dans mon cheminement pour devenir mère.

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Il y avait eu « un avant » et « un après », mais il manquait « le pendant ». « Le pendant », celui que j’avais tant négligé,  égoïstement, de peur « d’avoir mal (physiquement) », celui qui ne me paraissait pas bien important. On m’avait tellement répété que « l’important était qu’il soit en bonne santé » que je ne voyais pas plus loin. Il était en parfaite santé, soit.

Quant à moi, non, je ne l’étais pas.

Je parle de ma santé psychologique. Ça n’allait pas, pas du tout même.  J’ai été frappé lorsque Zarico nous a demandé de revoir les films de lui bébé à la maternité. Je me suis vue, jusque là, ça ne m’avait pas réellement frappé mais, là, ça m’a sauté aux yeux. Te dire pourquoi maintenant, à cet instant précis. Je ne sais pas, peut être parce que j’ai fini par l’accepter et m’en faire une raison, peut être parce que je suis enfin prête à en parler.
Ce regard vide, ce teint blafard, ces larmes au bord des yeux retenus pour faire bonne figure, ces mains tremblantes lorsque je changeais sa couche, je me suis faite pitié, et, tout m’est revenu d’un coup, comme une énorme claque.

J’étais mal, terriblement mal. Et, à l’époque, jeune maman  pour la première fois, j’ai mis ça sur le dos du Baby Blues. Et voilà, soyons clairs, même si aujourd’hui on l’accepte un peu plus, aux yeux de la société, et de nos familles (ou du moins la majorité), une jeune maman EST une femme heureuse. Point barre. Comment cela pourrait-il en être autrement?

Sauf que, ce n’était pas mon cas à 100% et que cette croyance en a rajouté une couche. Elle est tellement ancrée en nous, en moi, qu’elle me faisait me sentir encore plus mal. J’avais enfin tout ce que j’ai toujours voulu avoir, surtout après tout ce que nous avions vécu. Il était là, bien là notre Zarico. Qu’est-ce que je pouvais bien demander de plus?

Alors il a fallu jouer un rôle, celui de la jeune maman épanouie et heureuse. Je n’ai pas pu mentir bien longtemps auprès de ceux qui me connaissaient vraiment, quoique je ne leur ai jamais révélé les tréfonds de ce mal être latent. Je mettais tout sur le dos de la fatigue, de l’angoisse, sauf que c’était bien plus profond que ça. Je ne réussissais pas à me l’avouer à moi-même. Et quand bien même, j’essayais de l’expliquer on me rétorquais que j’avais tout et qu’il ne fallait pas chercher plus loin.

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J’ai donc enfoui bien profondément cette histoire parce que l’on n’était pas prêt à comprendre, ce que moi-même je ne parvenais ni à comprendre, n à extérioriser.

Mais malgré tous mes efforts, des conséquences s’en sont suivies, de terribles conséquences. Des conséquences que je regretterai toute ma vie. Inconsciemment, j’ai très vite déléguer certaines tâches concernant Zarico à M’sieur Stache, ou quiconque le souhaitait. Non pas que je ne voulais pas m’en occuper ou que je n’en avais pas envie, mais parce que j’étais morte de trouille. Morte de trouille de mal faire, morte de trouille de le blesser ou tout simplement qu’il ne ressente ce mal être. Pour autant, je restais très fusionnel avec lui, et je l’aimais d’un amour inconditionnel, mais, malheureusement, je suis ce genre de fille qui se laisse bouffer la vie par ses angoisses.

M’sieur Stache a très vite pris les choses en main, et, aujourd’hui encore, alors que tout est rentré dans l’ordre, je ressens cette terrible culpabilité qui me ronge vis-à-vis de mon fils. Ce 18 avril 2013, on m’a arraché mon cœur de maman à grand coup de bistouri dans le bide. On m’a retiré ce lien indéfectible, ce « pendant ». Je suis passée de « jeune femme » à « mère », sans y être pour autant préparée. Jour après jour, je tente de le reconstruire, fils après fils, pelote après pelote. Seulement parfois, j’ai peur qu’il ne soit trop tard.
Mes proches me répètent que je suis une bonne mère, que je m’occupe parfaitement de lui, que je lui fais faire des tas de choses, que je l’aime profondément (trop même pour certain), que je suis une maman louve, que je le surprotège. Oui, mais au fond de moi, cette douleur et cette culpabilité me hante et me ronge, j’ai l’impression d’avoir manqué les premiers mois de mon fils, d’avoir pu profiter de ce bonheur, d’avoir été présente pour lui. Je vis avec la peur au ventre qu’un jour il le ressente et ne m’en veuille.

L’électrochoc fut terrible à la naissance de Lady Mogette. Elle, qui, sans crier gare est née naturellement alors que je m’apprêtais à vivre une seconde césarienne. Elle, qui, m’a permise de me réconcilier avec mon rôle de maman, m’a également fait comprendre beaucoup de choses. J’ai enfin pu connaître « le pendant », et crois-moi, pour moi en tout cas, il a toute son importance. Il m’a permis de ne pas être le spectatrice du plus grand rôle de ma vie, il m’a permis de prendre conscience que j’étais en passe de changer ma vie, une seconde fois. J’ai vécu le moment, je n’ai pas attendu bêtement, j’ai bossé pour, j’ai souffert pour, ça oui j’ai souffert, mais c’est de la bonne souffrance. Ce jour là, tout s’est éclairé.
Et, pendant les 13 heures de travail, je n’ai pensé qu’à une personne, mon fils, mon Zarico, celui qui a payé, bien malgré lui, les pots cassés de cette entaille dans ma chaire. Depuis, et même si les choses s’étaient grandement arrangé, ou du moins enterrées, depuis ses un an, j’ai repris les choses en main. J’ai repris à 100% mon rôle de maman.

Les gens ont vu la différence, tour à tour, j’étais la maman épanouie, la maman qui a de l’expérience. J’ai pu surprendre ou choquer, parfois même. Les gens m’avaient tellement vu déléguer aux premiers mois de Zarico, qu’ils n’ont pas de suite compris, et n’ont toujours pas compris, ce revirement de situation, laissant peu de place à mes proches qui voulaient prendre Lady pour la nourrir ou la changer.

Pour finir, certains ont mis ça sur le dos de l’accouchement par voies basses, que je m’en étais remise plus vite, que physiquement ça n’avait rien à voir, que j’avais « l’air » d’aller bien. Oui c’est sûr, mais ce qu’ils ont oublié, c’est le plan psychologique. Oui, je m’en suis remise plus vite, oui, j’allais bien, pas vraiment physiquement, ça non, j’ai quasiment autant souffert, même après (je vous épargne les détails), mais psychologiquement oui, j’allais bien, très bien même.

J’ai vécu cet accouchement comme une véritable délivrance, pas au sens où on l’entend, au sens psychique. Il m’a réconcilié avec ce rôle que j’ai toujours voulu tenir, LE rôle de MA vie, celui de maman.
Désormais, je me sens sans limites, ou presque, et, j’ai compris d’où venait ce mal être. J’ai compris qu’il ne m’avait pas empêchée d’être une « bonne » maman, mais qu’il m’avait empêchée d’être la maman que je voulais être, qu’il m’avait empêchée de vivre l’instant présent et m’avait interdit de savourer le bonheur d’être une mère en toute simplicité. Il m’a empêchée d’avoir la confiance nécessaire en moi-même. Il a mis la barre trop haute, bien malgré moi, comme si j’avais quelque chose à prouver, comme si je devais tout décupler pour rattraper ce manque du « pendant ».  Je m’étais alors persuadée que je ne savais pas faire ou alors que je le faisais mal, que je n’étais pas capable de m’occuper de lui correctement, et surtout, toute seule. Il m’a fallu du temps, beaucoup de temps, jusqu’à ses un an, pratiquement. Mais, aujourd’hui encore, je vois bien que ces mécanismes sont devenus notre quotidien. Zarico est très proche de son papa, déclenchant parfois un sentiment de jalousie en moi. Je suis profondément blessée lorsqu’il réclame son papa et pas moi, lorsqu’il demande à ce que ce soit son papa qui le couche et pas moi, lorsqu’il réclame son papa quand il se blesse et pas moi (bon, aux dires de mon cher et tendre, c’est kiffe/kiffe mais je ne retiens que les moments où il appelle son père), même si, je sais au fond de moi, que je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.

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Je me soigne petit à petit, nous nous ré-apprivoisons Zarico et moi, car même si nous sommes très très proches, j’ai toujours eu ce sentiment qu’il manquait quelque chose, qu’il manquait de quelque chose venant de moi.
De toute façon, quoique je fasse, je crois que j’aurai toujours cette peur indéfectible de ne pas l’aimer assez fort ou correctement, de ne pas faire ce qu’il faut quand il le faut, de manquer à mon rôle, mais d’après les croyances, il paraîtrait que c’est justement ça, être mère.

Publié dans Papotage, Premiers pas de maman

La vie à Quatre, un mois et demi après, le bilan

Déjà un mois et demi que nous sommes quatre, un bon mois et demi même. Il est temps de dresser un premier bilan.

Finalement, ce sera un bilan tout en douceur. Malgré une arrivée digne des plus grands soaps américains, c’est une Lady facile à vivre que nous avons appris à connaître. Cette naissance, fracassante de rebondissements, nous aura bien fichu la frousse quant à la suite des événements. Si son caractère était prêt à tenir de sa venue au monde, alors nous devions nous préparer à maintes et maintes nuits blanches, faire preuve de patience et préparer des litres de café, beaucoup beaucoup de litres de café.

Puis nous ne pouvions pas avoir « la chance » deux fois de suite d’avoir un bébé qui fait ses nuits dès son deuxième jour de vie, ni que l’on n’entend quasiment jamais pleurer. Nous ne pouvions pas avoir deux fois d’affilée de donner naissance à un bébé si calme que les gens s’en étonneraient, voire nous maudiraient.
Une copine m’avait pourtant assuré que cette chance pouvait se présenter deux fois, elle avait raison!

Pour la deuxième fois, donc, nous avons tiré le « gros lot ». Ce n’est pas parce que c’est notre fille, ou parce que je suis la maman la moins objective de la Planète -quoique- mais c’est un bébé extrêmement calme, détendu et posé que nous avons appris à connaître.

C’est une petite fille hyper discrète qui a fait son entrée dans nos vies. Arrivée comme un énorme coup de tempête lorsque nous avons appris son existence, elle n’aurait pu plus nous surprendre de par son comportement.
Dans mon ventre, c’était une véritable pile électrique qui s’agitait. Les vidéos sont impressionnantes et tout le monde nous répétait que ce serait un bébé agité qui viendrait bientôt rejoindre la famille et qu’il faudrait se préparer à des nuits blanches sans fin, sauf qu’il n’en est rien.

Dès sa deuxième nuit, elle a dormi d’une traite, 5 heures de suite, puis elle est très vite passée à 6 heures pour aujourd’hui nous faire des nuits de 8/9 heures. Comme elle est nourrie au biberon, nous avons pu remettre en place notre technique imparable pour s’offrir de longues nuits. M’sieur Stache prend le dernier biberon, ce qui me permet de me coucher tôt, et je prends le premier biberon, ce qui lui permet de faire ses grasses mat’ tant appréciées.

Finalement, ce chamboulement en prévision n’en aura pas été un. Rien n’a vraiment changé dans notre quotidien mis à part la routine biberon/change à laquelle il a fallu se réhabituer. La maisonnée est toujours aussi calme et les nuits paisibles (sans compter sur Zarico et ses « câlins » intempestifs à 2h05/4h30/6h12).

Lady Mogette est un bébé idéal, je ne peux pas le nier. Elle est tellement paisible qu’elle en devient apaisante. C’est un anxiolytique en couche culotte. C’est une petite fille terriblement souriante qui rit à la vie depuis ses 12 jours. Le 14 février, très exactement. Elle sourit tout le temps, un véritable bol de bonheur. Son sourire est tellement communicatif qu’il redonne à n’importe qui le baume au cœur perdu.

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Quant à Zarico il s’apaise tout doucement et nous retrouvons peu à peu notre petit asticot tout calme mais toujours aussi pipelette et taquin! Il adore sa sœur et c’est un véritable nounours protecteur avec elle, à l’affût de son moindre besoin, toujours inquiet qu’il ne lui manque rien. Il nous fait beaucoup rire. J’avais tellement peur qu’il prenne mal cette arrivée surprise, mais finalement, c’est lui qui nous aura le plus surpris. C’est un petit garçon altruiste que nous avons (re)découvert.

Bref, vous l’aurez compris, la maison des Stache sent plutôt bon le bonheur. Les débuts ont parfois été un peu difficiles, « causés » non pas par la petite dernière, mais par notre grand qui avait besoin de trouver ses marques. Il y a encore bien sûr quelques crises et c’est bien normal, c’est même de bonne guerre si je puis dire. Mais à force de parler, de discuter et de trouver des solutions à ces petits bobos de coeur, tout rentre dans l’ordre petit à petit. C’est donc un bilan plus que positif et une belle vie à quatre qui s’offre à nous. Et, je ne pensais pas le dire un jour, mais, il ne me manque plus rien. J’ai tout, absolument tout.

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EDIT – Quand je relis cet article, qui est en attente depuis deux bonnes semaines (du coup j’ai rajouté « et demi » après le « 1 mois », conscience professionnelle oblige) pour cause de grippe familiale intempestive, je me dis que vous allez tous croire que je me suis shootée aux pets de licornes.
On se croirait chez les Bisounours. Je vous répondrai que pour une fois, j’ai vraiment tout ce que je souhaitais, et que tout se déroule dans le meilleur des mondes dans notre petit cocon. Ca ne fait pas de mal quand on voit toutes les atrocités extérieures

Publié dans Papotage, Premiers pas de maman

Ta place

Mercredi, ça fera un mois qu’elle a un peu chamboulé nos vies. Pour nous, il n’y a pas eu de grands changements, elle est tellement calme et discrète qu’on pourrait presque croire que rien n’a vraiment changé. Oui, c’est vrai, mais nous sommes des adultes et c’est notre deuxième fois, donc nous sommes en quelque sorte rodés.

Pour toi par contre, c’est tout autre chose…

Les gens oublient souvent que tu n’as que deux ans (et demi, tu y tiens) et que pour toi, ce tout petit rien de 52 cm au regard des adultes, est en fait un gigantesque tsunami dans ta courte vie. Maintenant qu’elle est là, il faut que tu te fasses à ton « nouveau rôle ». Je n’aime pas trop ce terme à vrai dire. Tu n’as pas de rôle à tenir, pas à 2 ans et demi. Tu n’as pas à changer parce qu’une nouvelle vague est entrée dans nos vies, dans ta vie. Tu n’as rien demandé après tout.

Cette minuscule chose qu’on appelle « ta p’tite sœur » t’a propulsé dans un nouvel univers. Un univers où tu n’es plus totalement le centre du monde. Il y a de quoi être perdu dans tout ça.

Tu sais, j’ai été à ta place, il y de ça 22 ans. Tout tournait autour de moi. J’étais l’enfant unique, celui à qui l’on passe tout, celui autour duquel tous les adultes tournent autour comme des satellites. Alors quand ma petite sœur est née, je n’ai pas trop compris ce qu’il se passait, j’étais pourtant plus vieille que toi. Il fallait que je partage, il fallait que j’attende « deux minutes » quand, quelques temps auparavant, on s’exécutait sur le champs. MA maman n’était plus MA maman mais NOTRE maman, tout comme MON papa, MA mamie ou MON papy. J’étais le seul enfant de la famille, tout comme toi, et d’un coup, toutes les personnes que je chérissais et qui n’étaient qu’à moi, étaient devenus « les nôtres ». Toute cette histoire ne me plaisait pas vraiment mais je n’avais pas le choix, il fallait s’y faire et trouver sa place.

Aujourd’hui, cette place c’est toi qui l’endosse, toi mon tout petit. Cette place n’est pas facile. On est venu te déranger dans ta zone de confort. Ton cocon a été balayé et il faut t’en reconstruire un. Un nouveau nid que tu dois partager, toi qui a toujours eu tout pour toi.  A ton tour, TA maman est devenue VOTRE maman, tout comme TON papa, TES papys et TES mamies, TES tatas et TES tontons.

Bien sûr on fait tout pour que ce chamboulement ne soit pas trop gênant pour toi. On fait en sorte pour que tu ne sentes pas trop ce changement de statut. On ne veut surtout pas que cette petite marche devienne une montagne à gravir. Alors on s’organise, on essaie que tu ne te retrouves jamais « seul » ou que « personne ne puisse s’occuper de toi quand tu le demandes ». Nous prenons du temps avec toi, tout seul. On essaie le plus possible, chacun notre tour de s’évader loin de l’appartement pour passer un peu de temps avec toi, tout seul. On tente de répondre le plus possible à tes attentes, de rassurer tes angoisses et de dédramatiser tout ça.

Mais, bien sûr, nous ferons des erreurs, nous en avons d’ailleurs déjà certainement fait, et si ce n’est pas nous, ce sont les autres.
Parce que d’un coup, aux yeux de tous, ou du moins, de la plupart, tu dois devenir grand. D’un coup, comme ça tu n’es plus ce tout petit qu’ils voyaient encore au mois de décembre, tu es devenu un petit, voir un grand garçon . Tu n’as plus le droit de te « comporter comme un bébé », surtout pas, parce que tu dois donner l’exemple. Tu ne peux plus faire tomber la moindre pâte à côté de ton assiette, renverser ton verre par inadvertance ou refuser de manger tes brocolis et ne pense même plus à pleurer quand tu n’as pas ce que tu veux sous peine d’être conspué par la société. Oui, parce que tu comprends « tu es grand frère maintenant, tu dois montrer l’exemple à ta sœur », ta petite sœur qui a à peine un mois et qui n’en n’a absolument rien à faire si tu renverses ton verre de jus d’orange par terre.

Alors à chaque fois, en rentrant à la maison, on reprend tout, les explications, on calme tes craintes, on dédramatise. On te répète que tu n’as pas à faire tout ça, que tu as encore le droit d’être ce tout petit garçon, si ça te chante. Combien de fois t’ai-je dit de ne pas tenir compte de ce que les autres disent. Forcément à deux ans et demi, on n’a pas le recul qu’il faudrait, et tout est pris au pied de la lettre, ce que beaucoup d’adultes oublient…

Tu as le droit d’être en colère, tu as le droit de nous en vouloir, de M’en vouloir de « t’avoir fait ça ». C’est naturel. Tu es d’ailleurs en plein dedans. Tu me le fais payer, surtout depuis que PapaPoilu a repris le chemin du travail. Forcément, toute seule avec deux enfants dont un nourrisson, il y a des moments où je ne peux pas répondre à tes demandes, à tes attentes, où il faut que tu patientes pendant ces fameuses deux minutes qui en fait tiennent plus de la demi heure. Je ne peux pas faire autrement, je t’assure que je le voudrais, mais comme le disait ma maman, il y a quelques années de cela, je n’ai pas quatre bras.

Alors, je t’avoue, tu me dépasses même si je sais ce que tu peux ressentir. Tu m’épuises, bien plus que ta sœur, je dois l’avouer même si je connais ce chamboulement que tu vis. Je me suis toujours dit que lorsque j’aurai un deuxième enfant, je saurai comment réagir, comment faire. Je répétais que je saurai quoi faire ou qu’au moins je ferai tout pour que mon aîné ne se sente pas délaisser. J’avais tord. J’ai beau tout faire, tout mettre en oeuvre, je vois bien que tu peines à trouver cette fameuse place.
Je suis totalement perdue. J’essaie de garder patience, cette patience que je n’ai pas ou plus, je ne sais plus vraiment. J’essaie de passer le maximum de temps avec toi, le plus que je puisse, mais ta sœur a également des besoins, tu le sais. On t’explique, on dédramatise, on te lis des tonnes d’histoires sur le sujet, on discute beaucoup, comme on l’a toujours fait avec toi. On va persister parce que l’on n’est pas le genre de parents à baisser les bras, même quand tu cours à travers l’appartement, une motte de terre à la main, parce que tu as trouvé drôle de déterrer une plante pendant que je nourrissais ta sœur.

J’espère qu’avec le temps tu comprendras que rien n’a finalement vraiment changé, que l’on t’aime toujours autant, si ce n’est plus qu’hier et moins que demain. J’espère qu’avec le temps tu comprendras que tu n’as pas vraiment de place à trouver, que la tienne, celle que tu as toujours eu est toujours bien là et que tu n’as pas à en bouger.

Publié dans Grossesse, Premiers pas de maman

Profite

« Profite! »

Voilà ce qu’on me répète, me ressasse, me rétorque, me rappelle depuis 3 semaines maintenant -bon, en fait, depuis 6 mois, mais jusqu’alors, ça ne me dérangeait pas-. Croyez-moi, tous autant que vous êtes, j’ai bien essayé de « profiter ».

Oui, ce sont nos derniers instants « 2en1 ». Je le sais, merci.
Oui, ce sont les derniers jours où je la sens bouger en moi, où elle n’est rien qu’à moi. Ça aussi, je le sais.
Oui, il faut laisser le temps au temps.
Oui, après ce ne sera plus pareil. J’ai déjà eu un enfant, et je ne souffre pas encore d’Alzheimer.
Oui, très certainement que ça va me manquer, au moins autant que ça m’avait manqué après la naissance de Zarico. Je répète, j’ai déjà eu un enfant.

Oui, je sais, je dois profiter, ce sont mes derniers moments « avec ce gros ventre » à tout jamais puisque c’est plus que très certainement ma dernière grossesse. Non, sans déconner? Je n’étais pas au courant!

Alors merci. Merci pour tous ces précieux conseils, que je connais par cœur, mais non merci. Non, vraiment, je n’ai plus envie de profiter.

J’ai profité, enfin, j’ai réussi à profiter de cette grossesse, mais j’ai profité, ça c’est sûr. Je me suis mise des coups de pieds monumentaux pendant ces 9 mois pour « profiter ». Pas parce qu’on me l’a conseillé, pas parce qu’on m’a dit de le faire. Non, parce que j’en ai décidé ainsi, toute seule, comme une grande fille. Je suis adulte et capable de prendre mes propres décisions, quoique l’on puisse en penser.

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J’ai voulu que cette grossesse, que cette dernière grossesse, soit heureuse, remplie de sérénité. Je n’ai voulu en aucun cas revivre ce que j’ai vécu en attendant Zarico. Je n’ai pas voulu, encore une fois, m’empêcher de vivre pendant 9 mois, me lever avec la peur au ventre, suspendue au moindre signe (que je jugeais toujours mauvais), me coucher en larmes, totalement engluée par la peur de le perdre. Pour le coup, je n’ai pas profité de ma grossesse, et c’est mon plus grand regret.
Alors, j’ai voulu vivre cette grossesse comme elle venait, ou plutôt comme elle est venue en fait, comme une jolie surprise, un cadeau. Un moyen de vivre enfin une grossesse comme je l’entendais, je le désirais.

Bien sûr, elle n’a pas été toute rose, mais j’ai décidé de passer outre parce que ce n’était pas le plus important. Les débuts ont été difficiles. Beaucoup de vomissements qui ont duré, duré, duré, sans jamais vraiment me quitter, en fait, une fatigue intense que je n’avais pas ressenti pour Z., un décollement et un hématome qui m’ont forcée a rester tranquille quelques mois, mais tout ça, ce n’était pas grave. Notre Lady allait bien et ce premier trimestre s’est tout de même terminé assez paisiblement pour laisser place à un deuxième trimestre plutôt calme et très serein. Je crois, j’en suis même sure, je peux le dire, je n’ai jamais autant été aussi heureuse et bien dans ma peau qu’à cette période.
Il est passé à une vitesse folle, ce second trimestre. Lundi commençait à peine que vendredi pointait le bout de son nez. Les semaines ont défilé sans que je ne parvienne jamais à les retenir un minimum.

Le troisième et dernier trimestre était déjà là, et avec lui, son lot de fatigue et de douleurs.

On m’avait prévenue, soit je serais tranquille tout au long de ma grossesse, soit la maladie prendrait ses aises. Elle a choisi la deuxième option et s’est même bien installée. Chaque pas, chaque mouvement est devenu un enfer. Faire 100 mètres à pieds relevait du parcours du combattant. Porter, laver, emmener Zarico aux toilettes, le faire manger, sont vite devenus intolérables. M’occuper de notre appartement, faire une tournée de linge ou même passer un coup de chiffon sur les meubles sont rapidement devenus une torture. J’ai dû tout arrêter, jusqu’à ne plus pouvoir m’occuper de mon fils.

Alors, oui, je l’avoue c’est peut être aussi, et surtout pour ça qu’au bout de 270 jours, je considère en avoir assez profité. Ne plus pouvoir s’occuper de son propre enfant pendant presque 3 mois porte plus du châtiment que du fait de « profiter ». Je n’ai plus envie de profiter, enfin si, mais plus de ma grossesse.

Je veux profiter de mon fils. Je veux pouvoir faire ce que je veux, quand je le veux ou plutôt quand lui le veut et me le demande sans avoir à lui dire « maman ne peut pas » au bord des larmes. Je veux pouvoir l’amener de nouveau au parc, je veux pouvoir lui redonner son bain, je veux pouvoir rejouer à cache-cache, je veux pouvoir lui refaire des câlins dans son lit le soir.
Je ne veux plus l’entendre me demander si je vais bien, si je n’ai pas trop mal là ou là, si j’ai besoin de mes béquilles pour me lever du lit, je ne veux plus l’entendre me murmurer que « ça va aller, je suis là maman ». Non, ce n’est absolument pas son rôle, pas à 2 ans.

Je suis sans doute exigeante, je suis sans doute peut être trop égocentrique. Je ne suis sans doute pas ou plus très courageuse, parce qu’au pire, il me reste quoi, 10 jours à tenir? Oui, mais pour moi ce sont 10 jours de trop. 10 jours à devoir encore patienter avant de retrouver « ma vie d’avant » celle où je pouvais m’occuper de mon enfant.

Et puis ne nous mentons pas, il y a toujours cette petite voix de derrière les fagots, qui aime me rappeler que la vie est une pute peut parfois se jouer de nous et qui ne me lâchera que lorsque notre Lady sera là, bien là et aura poussé son premier cri, celui qui me délivrera de cette angoisse que je tente tous les jours de refouler. Je crois que je pourrai vivre 15 grossesses que ces « et si » resurgiraient tôt ou tard. C’est un combat de chaque instant de les ignorer et de passer outre. J’ai à peu près réussi cette fois-ci quand j’ai totalement échoué pour Zarico. Je dois l’avouer, j’en suis assez fière. Mais, la fatigue et les nombreuses nuits blanches qui s’accumulent n’aident pas, et ces « et si » prennent peu à peu le dessus sur mon positivisme superficiel.

Je crois donc qu’il serait temps qu’on arrête de me dire de profiter parce qu’au fond même si j’ai réussi à profiter de cette grossesse, je pense que je m’interdirai toujours de profiter pleinement et de m’abandonner à cet état, qui je le sais, reste précaire et peut basculer à tout moment. Alors oui, c’est un peu triste quand même, quand je dresse le bilan de cette grossesse, mais je dois avouer que le seul moment où je profiterai totalement, c’est le moment où j’aurai mes deux enfants avec moi, dans mes bras. Voilà, là, j’en profiterai, c’est sûr.

Publié dans Préparer la venue de bébé, Premiers pas de maman, Tests

Le cas du faire-part : on a testé pour vous Carteland

Lady Mogette arrivant à grand pas, il a fallu se pencher sur le cas du faire-part de naissance, mais comme tu le sais maintenant, je suis du genre à procrastiner. Alors, même si j’adore les faire-parts, là aussi, j’ai mis mon temps…

Le faire-part, c’est tout un truc chez les futurs-parents, bon surtout pour moi, je l’avoue. J’adore en recevoir et aussi en créer, et, pour rien au monde je ne tirerai un trait sur cette tradition. J’adore chercher le modèle parfait, farfouiller sur internet pour trouver celui qui sera l’annonciateur officiel de l’arrivée de ce bébé tant attendu.

Pour Zarico, j’avais trouvé un modèle sur le thème de l’école, M’sieur Stache étant professeur, qui m’avait tout de suite plu. Je n’avais alors pas trop cherché ailleurs que sur le site où j’avais repéré le modèle. C’était un faire-part tout prêt, il n’y avait plus qu’à entrer le poids, la taille, la date de naissance, l’heure et personnaliser de quelques photos de notre cru.

Quand est arrivé le tour de notre Lady Mogette, j’avoue que j’étais en panne d’inspiration. Bien des modèles me plaisaient, mais je voulais, cette fois-ci y mettre un peu plus ma patte. Je savais que je voulais quelque chose qui sorte un peu de l’ordinaire, tout en permettant aux gens qui le recevront de le garder facilement, et de pourquoi pas l’accrocher (coucou les mamies!).

Les sites de faire-parts sont fleurissant sur la toile et j’étais un peu perdue quand Carteland est venu à ma rescousse!

Ce sites est une mine d’or pour choisir son faire-part. Naissance, mariage, baptême, carte de remerciement, on y trouve obligatoirement son bonheur. On peut également y faire des album photos, des calendriers et des tirages photos super sympas. J’ai totalement craqué sur leurs tirages photo façon polaroid.

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On peut également y trouver des idées cadeaux super originales comme des coques de téléphone, des toiles, des tee-shirts, des plateaux, des boules à neige le tout à personnaliser entièrement avec vos photos favorites. Et si l’on a l’âme pleine d’humour, on peut même, tenez-vous bien (j’adore l’idée), tenter les tongs personnalisées!

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Mais revenons-en à nos faire-parts naissance. J’ai tout de suite trouvé des modèles qui m’ont plu (des dizaines, le choix fut difficile) et qui ont plu à M’sieur Stache (et ce n’est pas une mince affaire…). Leurs modèles sont très frais, avec un côté rétro chic, qui, si tu me connais bien, on su me toucher en plein cœur!

Ce que nous avons adoré, c’est que l’on peut partir d’un modèle qui nous plaît et le personnaliser entièrement grâce à leur interface de personnalisation. Tout est absolument personnalisable, le fond, la police d’orthographe, on peut y ajouter des illustrations déjà présents dans leur interface ou bien en importer de notre jus. On est donc entièrement libre dans la customisation du faire-part. J’ai passé des heures et des heures (sans m’en rendre compte) à tout tester. C’est très facile d’utilisation et totalement à la portée de tous (je suis une bille en informatique et en graphisme). A chaque fois le résultat correspondait à mes attentes.

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Notre choix s’est porté sur différents modèles, pour au final n’en retenir que deux, sur lesquels on hésite encore. Bien évidemment, je ne vous montrerai pas lesquels, maintenons un peu de suspens! Nous avons pu en recevoir quelques un pour les voir « en vrai » et attester de leur qualité. Le résultat est bien au rendez-vous. Le papier utilisé est juste superbe, les photos sont d »une grande qualité. Bref, nous sommes conquis!

Voici tout de même une petite sélection parmi nos coups de cœur.

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Publié dans Premiers pas de maman, Tests

L’apprentissage de la propreté : conseils et astuces – #test le pot évolutif Bellemont

L’apprentissage de la propreté, je m’en faisais toute une montagne. Je ne savais vraiment pas comment m’y prendre, ni quand commencer. C’était le flou total!

Ce dont nous étions sûr c’est que nous ne voulions surtout pas faire ça dans l’urgence, le stress et la panique de la propreté pour la rentrée des classes. On ne voulait pas non plus le forcer à être propre et encore moins l’abrutir ou lui mettre la pression avec ça.

Nous nous étions donc fixés comme philosophie « tout vient à point à qui sait attendre » (ça c’est de la Philo de ouf, où je ne m’y connais pas).

Nous attendrions donc que Zarico soit prêt et nous demande le pot. Sa première rentrée scolaire n’ayant lieu qu’en Septembre 2016, il n’y avait aucune panique à avoir, ni aucun empressement… Ça, c’était sans compter sur la pression sociétale, pour ne pas dire familiale, à base de « moi à ta place », de « il faudrait peut être ». Oui parce que, tu comprends, un enfant à 1 an qui n’est pas propre, ce n’est pas normal…

« Toi, tu as été propre à 11 mois et faudrait peut être songer à mettre Z. sur le pot, il a 13 mois quand même! »

Oui mais non.

De toute manière trop tôt, c’est inutile.
Chez la plupart des enfants, la maturation des sphincters n’est acquise que vers 2 ans, 2 ans et demi. Et non, être propre à 11 mois, n’est pas une preuve d’accomplissement de soi, d’avance sur les autres et encore moins d’intelligence (j’en suis la preuve vivante). Ainsi l’acquisition de la marche autonome, ou le fait qu’il puisse monter et descendre un escalier tout seul, est un bon indicateur pour le début de l’acquisition de la propreté.
Il faut aussi que l’enfant soit conscient de ses envies, de se retenir, d’évacuer. Bref, de gérer son pipi, son caca et de savoir où les mettre.
Mais le plus important, il faut qu’il en est l’envie. Un adulte qui n’a pas envie de faire quelque chose, le fera mal ou ne le fera pas, pourquoi serait-ce différent avec un enfant?

Partis dans cette optique, il était hors de question pour nous de le forcer, de s’énerver ou de lui mettre la pression, en aucune façon.

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Crédit : Soeurdemoi
-REPRODUCTION INTERDITE-

Zarico a très vite acquis la marche et monter et descendre les escaliers sont devenus un jeu d’enfant, à partir de juin. Nous avons « profité » du mois de juillet, alors qu’il faisait très chaud dans notre appartement. Nous vivons sous les toits, et l’été, la chaleur monte très (très très) vite. Quand c’est comme ça, Zarico reste/restait en couche afin de mieux supporter les 32° de notre intérieur. Il a très vite commencer à retirer sa couche tout seul.

Nous avons alors mis un pot dans la salle, à sa disposition et surtout à sa vue, et nous lui avons expliqué qu’il pouvait faire pipi et caca dans son pot s’il le souhaitait. Des livres l’y attendaient sur le sujet afin de dédramatiser cette nouvelle découverte. Pour cela, nous avons pris ces héros de livres préférés.

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Livre animé Sur le Pot, de Marianne Borgardt et Maxime Chambliss, 10€
T’Choupi va sur le pot, de Thierry Courtin, 5.70€P’tit Loup va sur le pot, de Orianne Lallemand et Eléonore Thuillier, 4.95€

Il y a eu quelques pipi dans le pot. Puis plus rien. On ne l’a pas forcé. Il n’enlevait plus sa couche. Au début, on lui demandait de temps en temps s’il avait envie d’aller au pot, il a vite compris comment ça fonctionnait et nous disait que oui. Il nous a fallu pour ça repéré les signes avant coureur (il se pinçait le zizi, ou avait des frissons, ou commençait à se « balancer » sur ses jambes). Puis peu à peu, nous avons retiré sa couche 1 heure, 2 heure, toute la matinée, etc.
Bien évidemment, il y a eu des accidents, des pipis dans la culotte parce qu’il jouait ou tout simplement parce qu’il n’y pensait plus.

Petit à petit les choses se sont faites, et notre bébé petit garçon est devenu propre en journée, siestes comprises, début septembre. Et, fin septembre, il était totalement propre, jour et nuit. Pour la nuit, nous avons attendu que sa couche soit sèche au réveil plusieurs jours de suite. Ça s’est fait très naturellement.

En prenant notre temps, en respectant son rythme, il a été complètement propre en 2 mois et demi.

Le plus important, je pense (et ce n’est que mon avis) c’est de ne surtout pas les stresser avec ça, de leur laisser le temps en s’y prenant assez à l’avance pour ne pas faire ça dans l’urgence, dans NOTRE urgence. Chacun à son propre rythme, et c’est important de le respecter.

Il ne faut pas non plus les gronder lorsqu’il y a un accident. Lorsque l’on apprend quelque chose de nouveau, on se trompe, c’est normal. Quand ils apprennent à marcher, ils tombent, et on ne les dispute pas pour autant. C’est pareil, à mon point de vue, avec l’apprentissage de la propreté. Alors n’en déplaise aux anciennes générations, nous n’avons jamais puni/disputé à Zarico parce qu’il avait fait pipi à la culotte.
Je ne parle même pas de l’humiliation quand un accident arrive, les « tu es sale, tu as fait pipi à la culotte », ou les « mais t’es un bébé!/on dirait un bébé!/ ce sont les bébés qui font pipi à la culotte! », les « tu as ENCORE fait pipi à la culotte?! », qui sont à bannir. Ça me paraissait naturel, jusqu’à ce que j’entende certains de nos proches le lui dire… On n’aime pas être humilié, les enfants non plus, surtout en phase d’apprentissage.

Nos astuces : 

  • Pour chaque pipi et caca rondement mené, Zarico avait le droit de coller une gommette sur son pot. Une joie pour lui! Puis, peu à peu, il a oublié les gommettes, et faire pipi au pot est devenu naturel.
  • Des livres sur le sujet et pourquoi pas des jouets mis à sa disposition autour du pot pour l’occuper.
  • Rester avec lui au début, pour l’accompagner, le rassurer, ces choses qui sortent de son corps ne sont, au départ, pour lui pas normal. Son pipi et son caca sont, dans son esprit, une partie intégrante de son corps. Il aura donc l’impression de perdre quelque chose. Il faut dédramatiser tout ça et lui expliquer pourquoi, pourquoi on fait pipi et caca, ce que c’est, etc… Puis, petit à petit, quand il aura compris, lui laisser son intimité, même si lui, ne te laisse pas aux toilettes tout(e) seul(e)…
  • Des félicitations mais pas non plus d’articles dans le journal du coin. Un enfant aime être félicité, comme tout Être humain qui se respecte, ne nous mentons pas! Il ne faut pas pour autant en faire un Dieu vivant, sous peine que le pipi au pot ne devienne une excuse à la gloire de sa Splendeur.
  • Prendre son mal en patience, c’est un excellent entraînement pour agrandir votre patience (humour). Ne pas perdre confiance, il y arrivera. On a tous réussi à être propre, il le sera aussi à son tour, en temps voulu. Le seul mot d’ordre, je dirai, c’est lui faire confiance.
  • Ne pas se mettre la pression, et ne pas lui mettre la pression.
  • Ne surtout pas faire la comparaison avec d’autres enfants, chacun avance à son rythme, ce n’est pas parce que le petit Jean-Eude est propre depuis qu’il a 2 semaines de vie que ta merveille est en retard. Chaque personne est différente, et c’est tant mieux!
  • Laisser le pot toujours à disposition. Ok, c’est pas franchement design dans le salon, mais ce sera pour lui beaucoup plus simple. Si le pot ne fonctionne pas, tenter le réducteur de cuvette, rien de mieux que d’imiter papa ou maman, fier sur son trône!
  • Pour papa et maman, un pot dont le réceptacle est amovible, bien plus pratique pour vider le contenu et le nettoyer. Nous avons pu tester un pot évolutif grâce à Bellemont.
    Ce pot est tout simplement génial. Il est évolutif selon l’âge de l’enfant avec 3 hauteurs différentes, ce qui permet à l’enfant d’avoir une assise confortable et adaptée à sa taille.

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Ce pot a de larges rebords permettant à l’enfant de s’asseoir et de se relever facilement. Il a une base antidérapante ce qui permet d’éviter les accidents d’éclaboussures, de glissades incontrôlées. Ça nous a bien rendu service, car au début Zarico ne faisait que s’asseoir et se relever.
Nous avions un simple pot Ikea au départ et dès que nous avons reçu le pot Bellemont, il a été adopté par Zarico et notre bon vieux pot mis de côté. Il avait pourtant le choix entre les deux.
Le réglage en hauteur est vraiment très pratique car bien souvent les pots sont trop bas et les enfants tout recroquevillés sur eux-même, ce qui n’est pas vraiment le plus confortable. Ce pot propose trois hauteurs différentes et est adapté dès 18 mois.
En plus de son côté pratique, il est très joli et les couleurs proposées se marient très facilement à l’intérieur parental (beaucoup mieux que les verts, bleus ou roses criards qui nous sont souvent proposés). Il passait quasiment inaperçu dans notre séjour, et certains nous ont même demandé ce que c’était, le prenant pour un vase (oui bon, on est un peu ailleurs dans la famille). En conclusion, tu l’auras compris, on l’a adopté sans aucune hésitation!

Et vous, quelles sont vos astuces? 

Publié dans Préparer la venue de bébé, Premiers pas de maman

Une chambre pour deux

Une chambre pour deux. Est-ce grave en soi?

Cette question ne m’a jamais vraiment effleuré l’esprit jusqu’à ce qu’elle se pose à moi.

Dans nos plans, nous aurions un deuxième bébé, une fois Zarico à l’école et tous les trois, certainement, installés dans une maison plus grande. Sauf que, la vie offre parfois de jolis imprévus. Un imprévu qui n’en est finalement pas vraiment un lorsque l’on voit le bonheur que cette annonce surprise nous a procuré.

On a tout de suite trouvé des solutions, sans vraiment les chercher en fait. Tout a coulé de source. De toute façon, il n’y avait pas vraiment d’autres choix.

On ne pourrait pas déménager dans l’immédiat. Nous n’avions pas eu d’autre choix que de déménager, à cause d’un dégât des eaux, lorsque j’étais enceinte de Zarico. Ce fut bien trop stressant et fatigant. Sans compter le coût que cela engendre. Non, il en était hors de question.
Puis notre appartement actuel fait 80m². Beaucoup de gens vivent à quatre dans beaucoup moins que ça. De quoi nous plaindrions-nous?

Ils n’auront qu’à partager leur chambre. Ce n’est pas si grave. J’ai partagé ma chambre avec ma sœur, 13 ans durant. Et même, lorsque nous avons eu chacune notre chambre, nous trouvions encore le moyen de dormir ensemble.
Non, la question ne m’avait vraiment pas effleuré l’esprit.

Jusqu’à ce que…

Jusqu’à ce que LES AUTRES s’en mêlent.

« Vous cherchez plus grand? » – Plus grand que quoi?
« Une fille et un garçon dans la même chambre?! » – Non mais tu sais, les Lannister c’est de la fiction.
« Ah bon? Vous ne cherchez pas autre chose, mais vous allez faire comment avec SEULEMENT deux chambres? » – Non, on pensait justement à la cave.
« Vous n’avez pas peur quand même! » – Celle-là, je ne la comprends pas vraiment.
« Pauvre Zarico, il va devoir partager sa chambre… Ça ne va as être facile pour lui! » – Tatie Culpabilisation est dans la place.

Du coup, les questions fusent.

C’est vrai après tout.

Au delà du partage de chambre fille/garçon, qui pour moi n’est absolument pas un argument mais plutôt une croyance d’arriérés du siècle dernier, c’est tout l’univers d’un petit garçon qui va être chamboulé. On pourrait dire qu’ils n’auront pas les même jeux, le même univers. Sauf que mon Z. joue à la poupée, a une poussette, nous fait de bons petits plats sortis tout droit de son imagination, avec sa jolie cuisine en bois autant qu’il joue aux voitures. Les choses évoluent, même si, c’est vrai, il nous est arrivé de nous faire conspuer parce qu’il avait une poussette.
Non, ce qui me dérange et m’effraie un peu, c’est qu’il va devoir partager sa chambre. Alors, oui on le prépare. On lui explique, en long, en large et en travers. Il sait, en théorie, ce qu’il va se passer, il sait qu’une petite chose, qu’on appelle sa petite sœur, va dormir à côté de lui. Il est heureux, il nous montre son petit lit à barreaux tout le temps. Il y met des jouets pour « ma potite soeu ».

Mais en pratique, comment va-t-il le prendre?

C’est son territoire, depuis 3 ans, son espace, son terrain de jeu, son bordel. Et là, d’un coup, une petite chose d’à peine 50 cm va grappiller un bout de sa chambre.

De mon regard de maman, et d’aînée, ça me remue les tripes. Alors, je continue d’en parler beaucoup (trop peut être) avec lui. J’essaie de dédramatiser un maximum, même si lui a l’air de s’en foutre, et qu’en fin de compte, c’est surtout pour me rassurer moi, que je lui en parle tant.

Il est prêt je pense. Ça commence même à lui paraître long. Les questions arrivent. Et le soir venu, il me demande souvent quand est-ce que sa petite sœur va dormir à côté de lui.

Ça me rassure énormément. C’est peut être idiot. Ça reste des mots d’enfants. Est-ce qu’il est vraiment conscient de tout ce que ça va engendrer. Je ne pense pas, mais je me rends compte que nous avons réussi à l’investir pleinement.
Il a déjà tellement de petites attentions envers Lady Mogette que je ne m’inquiète plus trop. Après tout, ce sont les réflexions des autres, qui, encore une fois, m’ont un peu trop atteintes.

Nous ferons donc comme nous l’avions décidé, dès le départ.

Aujourd’hui Zarico est parti pour deux jours chez ses arrières grands parents, afin que nous puissions préparer LEUR chambre.
Nous avons décidé de leur faire chacun un petit espace. Une décoration mixte, mais un petit espace pour chacun, avec une couleur pour chacun et des petites attentions qui les feront se sentir chez eux, dans LEUR espace, LEUR territoire, LEUR terrain de jeu, LEUR bordel.

Une chambre pour deux? Même pas peur!

…Affaire à suivre…

Publié dans Premiers pas de maman

Et tu as 2 ans et demi

Je le dis et me répète, et le re-répéterais certainement encore des dizaines de millier d’autres fois.
Plus on vieillit, plus le temps passe vite. C’est un fait. Certainement parce que l’on prend conscience que tout défile sous nos yeux sans que l’on puisse y faire grand chose, ou bien parce qu’en grandissant on prends conscience de l’importance du temps. Je ne sais pas trop. Et, à part profiter de chaque instant, je crois qu’il n’y pas grand remède à ce mal qui nous bouffe tous.

Avec le temps, s’il y a bien un rôle qui nous entraîne encore peu plus dans le tourbillon de la vie, c’est devenir parent.

Endosser ce rôle accélère inexorablement le temps. Ce n’est un secret pour personne. On nous prévient avant même de donner naissance à son premier enfant. Qui n’a jamais entendu « Profite quand il/elle sera là. Tout passe à une vitesse hallucinante » à quelques jours de son accouchement, ou aux premières heures de ce petit bambin qui nous fera vieillir encore un peu plus vite.

Ils ont raison. Ils n’ont jamais eu autant raison. Et, à la manière du Dr. Who, on se retrouve, nous, parents, embarqué dans un Tardis, bien malgré nous, croyez le bien, lancé à vive allure, dans une faille spatio-temporelle.
On n’y peut rien. On ne peut pas stopper la machine. On le voudrait de toutes nos forces. On voudrait réussir à mettre la main sur cette fichue horloge bloquée en avance rapide et l’écraser de toutes nos forces, d’un coup de talon. Sec et net.

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Combien de fois ai-je entendu ma mère me dire « Profite de Zarico à chaque instant, un jour tu te retourneras sur lui, il aura déménagé et sera sur le point de devenir père ».
Samedi, cette petite phrase répétée par-ci par-là au détour de nos nombreuses conversations n’a jamais eu autant de sens.

Samedi, Zarico a eu 2 ans et demi.

Ça peut ne paraître rien du tout pour n’importe quel Être lambda, mais dans un cœur de maman, bon ok, dans le mien bourré aux hormones de grossesse, c’est trop.

En un clignement de cils, ce tout petit bonhomme tant espéré qui tenait dans mes mains c’est transformé en un petit garçon bien trop grand à mon goût.

D’un bébé dormeur, Z. est devenu une petite tornade qui déménage tout sur son passage en hurlant « Reeeeeen, z’ai mis du bazzzzzar patout patout patout ». Mais quand est-ce qu’il s’est mis à parler, nom d’un Troll?! Hier encore il babillait, et là, il parle?
Mais, mais, j’étais où tout ce temps???

D’un tout petit bébé qui avait tant besoin de sa maman, il est devenu tellement autonome, à vouloir se débrouiller tout seul, pour tout. Tout est bon pour forger sa propre expérience, et depuis un bon petit bout de temps maintenant, sans que j’ai vraiment pu m’en rendre compte, il se déshabille tout seul,  s’habille presque tout seul, met ses chaussures tout seul (1 fois sur 2 à l’envers), se lave les dents tout seul, va au toilette tout seul, mange tout seul, met la table tout seul, va chercher son dessert tout seul… Et gare à moi si j’ose l’aider… « Non, c’est moi, maman! ». Ça fait beaucoup trop de truc « tout seul » à mon goût…

Il y a quand même des fois où je me demande si le voyage temporel ne me cause pas des effets secondaires, comme l’amnésie. Un truc du genre.

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Non mais quand est-ce qu’il a appris à se servir de son lecteur CD, à reconnaître sa gauche de sa droite, à faire de la trottinette, du vélo, à escalader les jeux du jardin public, à sauter, à faire des galipettes?
Quand est-ce qu’il a su citer toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, à nous donner la météo du matin en regardant par la fenêtre, à reconnaître toutes les formes géométriques qu’il pouvait croiser sur son chemin, à compter, à reconnaître les lettres de son prénom?
Je n’arrive même plus à donner de réponses précises, tant tout défile sous mes yeux à la vitesse d’un TGV. Est-ce que j’arriverai, un de ces jours, à prendre le train en marche?

Je voudrais arrêter le temps. Je le voudrais tellement. Je voudrais tellement profiter de chaque instant à ces côtés, m’imprégner de chacun de ses progrès, de ses nouveaux acquis, retenir chacun de ses premiers pas, mais il en apprend tellement vite, en une journée parfois, que mon vieux disque dur qui me sert de cerveau ne parvient pas à tout retenir.
Je le vois encore tellement petit, tellement dépendant, tellement bébé. J’emmène encore la poussette lors de nos balades, alors qu’il n’y monte plus depuis des mois déjà. Il marche lui, il est grand lui, comme il dit.

C’est le lot de toutes les parents paraît-il. Il faut se faire une raison. Et, même en voulant en profiter un maximum comme on me l’a tant répété, certainement le seul et unique conseil que j’aurai retenu venant d’un tiers, j’ai ce sentiment que tout m’échappe.
Et, ce samedi, ce fameux 18 octobre, j’ai eu un véritable pincement au cœur. Parce que, je me rends compte que, d’ici peu, tout va encore plus accélérer avec le venue de Lady Mogette. Parce que, je prends conscience que mon tout petit va devenir grand frère. Parce que, je me rends compte que ce rôle n’est pas évident, et que, bien qu’on veuille le protéger au maximum, et qu’étant moi aussi devenue grande sœur un jour, on le rend encore un eu plus grand malgré lui. Parce que, cette année sera, pour lui, l’année de tous les changements, j’ai peur. Peur qu’il ne grandisse encore plus vite qu’il ne le fait déjà.

Et puis…

Et puis, il vient se blottir contre moi, avec l’oreille de son vieux lapin troué dans la bouche, me demandant un câlin. Il se blottit dans mes bras et je respire son odeur. Sa douce odeur, celle qui me fait oublier tous mes maux. Celle qui me fait oublier à quel point le temps passe vite. A cet instant, je profite du moment, de notre moment, sans me poser de questions.

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Publié dans Humeurs, Premiers pas de maman

Allaitera, allaitera pas? Et si on me laissait faire mon choix?

Ah, l’allaitement, la grande question du siècle. Alors « elle allaitera-t-y? ».

Lorsque tu tombes enceinte, c’est très souvent la deuxième question que l’on te pose après celle de la préférence du sexe de bébé. Et tu te retrouves vite, bien malgré toi, au milieu d’une guerre de clan, façon Game of Throne.

Je te plante le décor, d’un côté la famille Tits-Nipples et, de l’autre, la famille Teats-Bottles. Ils ne se battent pas pour le trône de fer ceux-là, non. Ils se battent pour le trône de lait. Ils se foutent sur la tronche pour savoir quel lait tu donneras à ton bébé. Oui, oui, TON bébé.
L’une te vantera les mérites du lait de nichons, sans concession, celui qui fera de toi une Wondermum, celle qui ne pense qu’au meilleur pour son enfant, avant même que tu n’aies eu le temps de répondre ; l’autre prônera la tétine en silicone, plus pratique, moins avilissante, moins égoïste pour le papa, plus 21ème siècle, celle qui te permettra de chanter « Libéréeeeee! Délivréeeeee! » avant d’aller te coucher parce que tu n’auras pas à dégainer ton nibard la nuit tombée.

Chacune a ses arguments, ses tactiques. Chacune se réclame d’être la meilleure pour accéder au trône de lait. Elles veulent y arriver par tous les moyens, jusqu’à t’embobiner, te faire perdre la raison.

Oui, mais, ce qu’elles n’ont pas compris, c’est que NORMALEMENT, c’est TON choix, à toi. Et qu’elles n’ont rien à redire. Normalement.

Je dis bien normalement. Car comme toujours dès lors que tu as un enfant, on se sent obligé de se mêler de ta vie, de tes choix. Le plus souvent on aime même décider à ta place. Tu veux une fille parce que tu as déjà eu un garçon, tu dois allaiter parce que c’est ce qu’il y a de mieux pour ton bébé, tu dois biberonner parce qu’on ne t’imagine pas allaiter, tu dois faire ci, tu dois faire ça. Et surtout, surtout, FERME-LÀ! Et fais ce qu’on te dit!

Bon, je m’emballe un peu. Je fais ma journaliste. Les Tits-Nipples et les Teats-Bottles sont un peu plus fins que ça. Ils s’immiscent comme des serpents dans ton esprit et le retourne totalement.
Tu me diras que je suis indécise aussi, que je pourrai avoir un choix arrêté, allaitera ou allaitera pas, ce n’est quand même pas si compliqué que ça, non???

Sauf que, comme pour tout dans la vie, tout n’est pas tout rose ou tout noir. Il est des choix que l’on n’arrive pas à faire comme ça, en un claquement de doigt. Je dois avouer aussi que je me laisse vite décourager.

Pour Zarico, dès le départ, ce fut assez simple. Mon choix était fait. La question ne se posait même pas. Je n’allaiterai pas. Point. Sans doute par manque de maturité, peut être aussi parce que je n’étais pas totalement remise de tout ce qui m’était arrivé avant. Je ne saurai le dire.
Si en fait.
Plein de choses ont joué en la faveur des Teats-Bottles, ils n’ont même pas eu à prendre le pouvoir par la force.
Je suis issue d’une famille de non-allaitantes, enfin si, mais je n’en ai jamais vraiment vu. ma mère a biberonné, elle n’a pas eu le choix, des césariennes en urgence, des bébés en souffrance, une femme épuisée. Le biberon a pris le pouvoir par la force des choses. Je me souviens donc de ma maman, mon modèle, soyons clair, nourrir ma sœur au biberon. Il y a bien eu ma tante, mais ça ne m’a pas plus marqué que ça. Plus grande, il n’y avait pas d’autres « jeunes mamans » dans mon entourage adepte de l’allaitement maternel, toutes biberonnantes.
Une fois mon tour arrivé, je n’avais donc aucun modèle d’allaitement. J’étais la première à endosser le rôle de maman. Je n’avais aucune amie maman, enfin à l’époque.

Ce qui a également penché dans la balance, en faveur du silicone, c’est que je suis très très (très très […] très) complexée par ma poitrine. Pas du genre petit complexe du bourrelet sous le nombril alors qu’en fait il n’y en n’a pas, non. Le genre de méga complexe, celui, que même te foutre à poils devant ton mec, est un véritable enfer et te donne envie de pleurer. Ce genre là.
Je fais 1m63 pour un bon 90F/G, c’est impressionnant, trop. Puis, avouons le, madame Gravité ne m’aide pas vraiment à les aimer ces deux énormes machins qui pendouillent et se rapprochent de plus en plus du sol avec les années. Alors, devoir sortir ces « choses » pour nourrir mon tout petit Zarico était juste intolérable à mon esprit.

Au dernier moment, je fus tout de même tentée par la tétée dite d’accueil, sans doute sous le poids des jugements et des petites réflexions lancées par-ci, par-là…
« Tu n’allaiteras pas? Quel dommage! »,
« Nan, mais ne pas allaiter à cause d’un complexe à deux balles, c’est totalement con! »,
« On a toutes des nichons, c’est pas un mamelon qui va exciter tout le quartier »
(ça donne envie, hein?),
« Mais c’est tellement naturel! »,
« Ah… Pourtant, c’est le meilleur pour ton bébé, C’est pas ce que tu veux pourtant? »
.
Cette dernière phrase résonne encore en moi. Je ne voulais donc pas ce qu’il y avait de mieux pour mon bébé? Étais-je déjà considérée comme une mauvaise mère avant même qu’il ne soit né?
Non, il fallait au moins que j’essaie, même si je n’en avais pas vraiment l’envie. J’avais comme quelque chose à prouver aux Tits-Nipples… Je la ferai cette tétée d’accueil. Au moins, j’aurai essayé.
Bon, la nature en a décidé autrement. Un soucis au foi, une césarienne en urgence, un traitement lourd à prendre une fois Z. venu au monde, m’ont empêchée de tenter cette foutue tétée.
Non, il n’y avait pas d’autres moyens, comme l’on prétendu certains Tits-Nipples. C’était ça ou je crevais. Je n’allais pas mourir pour du jus de nichon.

Dorénavant, les choses ont changé. Pas mes nichons, rassure-toi, ils pendent toujours autant.

Par contre, j’ai mûri. J’ai réfléchi. Je me suis posée. J’ai lu, beaucoup. Je me suis renseignée, tellement plus que pour Zarico. J’ai pesé le pour et le contre.
Durant ces deux dernières années, j’ai tellement appris grâce à mon Zarico. J’ai appris à être maman, et j’en apprends encore tous les jours. Cette fois, je ne me lance pas dans l’inconnu. Je sais ce que c’est que d’avoir un nourrisson à la maison.  Je sais ce qui m’attend, même si un enfant ne fait pas l’autre. Je connais la fatigue, je connais le baby blues, je connais les joies, les peurs, les angoisses. Je sais ce que c’est que d’être parent.

Alors, cette fois, et contre toute attente de mon entourage, je vais tenter l’expérience allaitement. Pas pour les autres, pas parce que l’on m’y a poussée, pas parce qu’on me l’a conseillée. Pas parce que pour la société, c’est ce qu’il y a de mieux pour mon bébé et que l’on devrait toutes faire ça. Non parce que j’ai envie de tenter. Si ça fonctionne, tant mieux. Si ça loupe, tant pis.

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Crédit : SoeurdeMoi – Reproduction interdite

Encore une fois, j’ai eu droit aux réflexions blessantes, mais, dans le sens inverse cette fois. Tellement peu encourageantes, que la moi d’il y a deux ans aurait reculé sans sommation. Si mon cerveau suit bien (et toi avec) pour Zarico j’aurais dû allaiter, alors que pour Mogette je serais beaucoup mieux à biberonner.
J’en ai entendu des « Allaiter? Non, mais c’est pas pour toi!!! »,
« Je ne te vois pas du tout allaiter! »,
« Tu as l’air vachement sûr de toi, mais fais gaffe, je ne suis pas sûr que ce soit fait pour toi! »,
« Tu vas sortir tes nichons devant tout le monde??? »,
« Pfff, tu n’y arriveras jamais! Les crevasses, la fatigue tout ça, c’est pas pour toi! »,
« Ça me fait bien rire que tu dises que tu veuilles allaiter, honnêtement je crois pas que ça fonctionne! »
Encourageant n’est-ce pas? Alors, c’est sûr, ceux qui disent ça, je les connais, ils m’aiment, ils veulent ce qu’il juge le mieux pour moi. Oui, ce qu’ils veulent. Pas ce que je veux, moi.
Je suis sure de mon choix, sauf que pour que l’on me fiche la paix, j’en arrive à dire que « je veux juste tenter l’expérience ». Dans un sens, c’est le cas. Sauf que, ces paroles restent blessantes, et même si ce n’est pas dit dans ce sens, pousse encore une fois, la fille qui a peu confiance en soi à avoir encore moins confiance en elle….

Seulement, n’en déplaise, je veux allaiter. Avec quelques réticences quand même. Je ne tomberai jamais dans le jugement des Teats-bottles parce que je sais ce que c’est que de crouler sous le poids des reproches parce que « l’on n’a pas choisi le meilleur pour son bébé », parce que je ne suis même pas sure de réussir, de tenir la cadence. Je ne suis pas sur-humaine, et non, je ne me tuerai pas à l’allaitement, parce que j’ai une petite santé et que la maladie chronique dont j’ai hérité me fatigue déjà bien assez vite comme ça.

J’ai alors commencé à lire des bouquins. J’ai vite laissé tomber. L’ancienne biberonnante que je suis s’est trop sentie visée. Les leçons de morale à deux balles, trop peu pour moi. Des phrases m’ont terriblement choquée. J’ai biberonné, je ne le renierai jamais, et je ne regretterai jamais mon choix.

Alors quand je lis « allaiter c’est continuer ce que mon corps à commencé il y a neuf mois : nourrir SEUL mon bébé », ça me choque. Désolée.
Ça me choque, parce que je pense à M’sieur Stache. Alors oui, je sais, le papa peut faire autre chose. Mais non, nourrir son enfant, c’est important, c’est particulier, c’est fort. C’est un moment précieux, même « quand on donne le biberon ». Oui, Zarico a été nourri au biberon, et oui, contrairement à ce que l’on peut lire à droite et à gauche, nous sommes très (top) fusionnels, ces moments de biberons étaient des moments forts en émotion, plein de tendresse et d’amour, fort en complicité. Pour son papa, comme pour moi. Nous avons toujours été et seront toujours sur le même pied d’égalité. C’est donc pour ça, que, dès que je le pourrai, et contrairement à ce qui est dit dans ce bouquin, je tirerai mon lait, pour que, lui aussi, goûte à cet instant de fusion. N’en déplaise encore une fois aux autres.
Quand je lis « allaiter c’est ce qu’il y a de mieux pour votre bébé. Le seul parfaitement adapté à sa santé et sans huile de palme », je trouve ça affreusement accusateur, jugeant et parfaitement culpabilisant pour les mamans biberonnantes.
J’ai donc arrêté ces livres bien trop jugeant, moralisateur et bien trop éloigné de ma façon de penser et d’agir.

J’allaiterai comme je l’entends et pas comme on me dit de faire. Je n’allaiterai pas à la vue de tous, bien que « ce soit merveilleusement naturel et pas sexuel », je vis dans un quartier particulier, je ne sortirai donc pas mon nichon au milieu du jardin d’enfants. J’en ai vu des bonhommes se rincer l’oeil sur un nichon nourrisseur au parc. Je ne sortirai pas mon nibard en société, même devant la famille ou les amis, parce que, oui, mes seins me complexent, non pour moi sortir mon sein, n’est en rien naturel et je ne me sens pas de dégainer la marchandise devant beau-papa qui découpe le poulet. Je préférerai donc m’isoler ou, si ce n’est pas possible, tirer mon lait au préalable. Et, oui, je tirerai mon lait. Parce que c’est ma décision.
J’allaiterai le temps qu’il faudra, et surtout le temps que je pourrai. Je sais que mes douleurs articulaires vont revenir en force une fois Mogette venue au Monde. Les médecins m’ont prévenue. Dans ce cas, je ne sais pas ce que donnera l’allaitement. Je ne me pose pas la question, je verrai bien.

En attendant, dans mon Monde de Licornes et de Paillettes, je continue de rêver qu’un jour, toutes les mamans, biberonnantes ou allaitantes, puissent faire ce que bon leur semble sans qu’elles ne soient jugées, culpabilisées ou maternées. Qu’elles ne soient pas « forcées » de choisir un clan coûte que coûte.

J’ai été biberonnante, je serai allaitante, ou du moins j’essaierai parce que c’est mon choix.

Et vous?

Publié dans Papotage, Premiers pas de maman

On veut voir le bébé – où quand la maman n’existe plus

Tomber enceinte, c’est merveilleux. Enfin pour la plupart. C’est mon cas, je ne vais pas le nier. Oui, c’est merveilleux, tant que tu restes dans le cocon de ton domicile, ton mari, toi, loin du reste du monde. Oui, parce qu’une fois sortie de ton nid douillet, il y a les Gens. La tante Berthe, la vieille cousine Lucette, la boulangère, la pharmacienne, ta mère (coucou maman!), le voisin, la grand-mère, la cliente devant toi à la caisse, tous sont susceptibles de commettre l’irréparable…

Et toi, crédule que tu es, tu n’y pensais pas à ça. Tu ne pensais pas que ça serait possible. Pourtant, tes parents, l’école, tout le monde t’a toujours dit que tu étais une personne à part entière, que tu devais agir en ton nom et être toi.
Si tu as eu la grande chance de te taper 9 heures hebdomadaires de philo fait de la philosophie au lycée, on t’a même appris que tu étais dotée d’un Moi et d’un Surmoi. Que des « toi » quoi.
Si tu es normalement constituée, tu as donc un corps, une âme (c’est discutable), une façon de penser, d’agir, d’interagir, un caractère. Bref, tout un tas de petites choses qui font que tu es Toi, un Être qui respire et qui est.

Sauf que voilà, maintenant, tu es enceinte, et tout ça, ça va changer ma Cocotte. C’est fini toutes ces histoires, ton Moi, ton Surmoi. Ne t’imagine pas une seconde de plus en Être humain à part entière.

Dorénavant, tu seras un Utérus sur patte (c’est un peu comme un Commandement tu vois).

VAAAGIN

Crédit : Soeurdemoi – copie interdite. 

Oui, un utérus sur patte, ça donne à peu près ça. Tu flippes, hein? Et bien pourtant, c’est ça (et peut être aussi un peu la décadence de la tête torturée de Soeurdemoi).
Si tu veux une version plus poétique, nous dirons que tu es un ventre monté sur jambes.

Dès lors que l’annonce sera faite, ou que ton ventre s’arrondira, on ne te regardera plus dans les yeux mais dans le nombril, pas au sens de centre du monde hein mais plutôt dans le sens « ton utérus porte la vie c’est formidable ».

Au fur et à mesure, les gens ne te demanderont plus comment tu te portes mais plutôt « comment va le bébé? ».
Ça pourrait encore aller, c’est gentillet même, ils pensent à cette petite chose qui grandit en toi.

Oui, jusque là, ça va.

Là, où ça commence à pêcher, c’est quand on te colle une main mielleuse sur ton ventre rebondi -sans permission, bien sûr- et que ce « on » commence à s’adresser directement au bébé d’une voix gâteuse, oubliant totalement qu’il y a une enveloppe charnelle autour de cet utérus qui accueille ta future progéniture.
« Alors? Comment tu vas bébé? Tu pousses?! » (C’est sûr, il va te répondre que « oui »-grognasse- tends bien l’oreille!).
« Coucou bébé! Tu m’entends? C’est [insérer le nom de votre choix]! Il bouge là? (Ah! Tiens! Je ré-existe!) Ah! Oui, je le sens, il bouge! (Ah! Ben non fausse alerte!) ».
« Oh! Mais, qu’est-ce qu’il y a là dedans? C’est Mogette! Elle mange bien dans le ventre de maman la Mogette à sa [insérer le nom de votre choix]! »
Évidemment tu en as de plus poli, enfin si on peut dire, qui, [ose] demande[r] la permission. Ils s’attendent à quoi? A un « oui »? Sérieusement? Surtout, que la plupart du temps, ils n’attendent pas ton « oui » tant espéré qui en fait serait plutôt un « non ».

A ce moment précis, sache que ton ventre est tombé dans la propriété publique. Il appartient à tout le monde, sauf à toi.
Et, si jamais, tu oses dire que non, tu ne veux pas qu’on touche ton ventre, tu passeras pour la harpie mal léchée bouffée par les hormones. « Ah? Ben pourquoi? C’est pas méchant! Je veux juste le sentir/ ça porte bonheur/ une petite caresse comme ça, ça n’a jamais tué personne! ».
Ok, alors moi, est-ce que je peux toucher ton cul? Nan parce que j’ai toujours rêvé de faire trembler de la Jelly… ben quoi? C’est pas méchant?!

Et ne crois pas qu’une fois la délivrance passée, tu redeviendras un Être humain.

Dans le meilleur des cas, tu auras eu la chance d’avoir un accouchement de rêve, 2/3 heures de travail, deux poussées et demi, et ta merveilleuse petite merveille, beauté parmi les beautés, à toi, à vous deux, sera là. Profite. Ca ne durera pas.
Et ne crois pas que parce que le travail a duré 22h30, que parce que tu viens de vivre une césarienne d’urgence après des semaines de souffrance, que parce que tu as eu du mal à l’expulser et que tu es morte de fatigue, que parce que tu as eu une terrible hémorragie post accouchement, que parce que l’on t’a ouvert l’entrée du vagin en étoile pour ce que cette merveille puisse sortir, ou que sais-je encore, l’on aura pitié de toi.

On veut voir le bébé. La merveille. La petite chose.

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Crédit : Soeurdemoi – copie interdite. 

Alors que tu aies une plaie béante de part et d’autre du pubis, à peine refermée, qui te fait souffrir le martyr, sans que tu puisses te lever sans avoir l’impression que l’on t’arrache les entrailles de l’intérieur ; que tu t’en sortes avec une jolie épisiotomie qui te tire tellement fort que tu penses sérieusement qu’ils ont dû te recoudre entièrement le vagin, que tu sois épuisée du travail qui aurait duré bien trop longtemps pour n’importe quel autre Être humain, leur importe peu. Ouai, ouai, tout ça? Peu importe.

On veut voir le bébé. Juste 5 minutes promis. On l’a tellement attendu (pas toi bien sûr).

Si, en plus, tu as eu une césarienne, tu crèves la dalle, mais la « gentille » infirmière t’a chaleureusement indiqué que tu ne pourrais pas manger tant que tu n’auras pas lâché les tonnes de gaz que ton intestin a produit le temps de l’opération.  Comme t’as la dalle, t’es crevée. Alors, ouai, tu rêverais de te lâcher un bon coup, histoire de bouffer leur magnifique julienne de légumes insipide. Le soucis? C’est que tu ne te sens vraiment pas de péter des paillettes qui ne sentent pas franchement la rose devant beau papa. Alors, tu sers les dents pendant que l’on admire ta marmaille. Et tu te tords de douleurs en silence. Sers les dents meuf, tu te reposeras chez toi.

Tu veux juste passer du temps, seul à seul avec ton bébé. Celui que tu as eu juste pour toi pendant 9 mois. Tu veux le découvrir, le toucher, le sentir, t’imprégner de lui, apprendre chaque centimètre carré par coeur, être avec lui et son papa.

Mais non, la société ne te l’autorise pas. Tu auras bien le temps de le découvrir plus tart. Il faut en laisser aux autres. La coutume veut que la famille toute entière défile. Si tu es chanceuse comme moi, tu verras même passer dans ta chambre, à peine 15 heures après ta césarienne, des gens que tu n’as plus vu depuis belle lurette (on parle en année).
il faut donc te dire  que, 10/12 heures à peine après ton vêlage, l’on voudra voir à quoi ressemble cette petite merveille  que tu as couvé 9 mois durant.
Irait-on voir une personne à peine opérée avec une plaie à peine refermée, 15 fois agrafés? Je ne pense pas! On te dira qu’il lui faut du repos. Qu’elle en mettra, elle, du temps à se reposer, à se remettre…
Alors, pourquoi va-t-on voir une femme à peine accouchée quelques heures après sa délivrance? Sans parfois, même, lui demander son avis? Pourquoi débarque-t-on à 15 dans sa chambre?

Parce qu’on ne pense pas franchement à elle. Parce que l’on veut voir son le bébé, voir à quoi ou à qui il ressemble.

Pour ma part, je me suis faite avoir une fois. Pas deux. Je peux bien passer pour la connasse de service. Le vieille meuf en plein baby blues. Même pour celle qu’on prendra pour une sale égoïste.
Peu importe.
Je ne veux pas m’entendre dire, 13h après avoir été opéré, parce que oui, la césarienne est un acte chirurgical, que « j’ai l’air fatiguée », après avoir passée trois semaines sans dormir alors que mon foie commençait à me lâcher, que « je n’ai pas bonne mine », alors que l’on vient d’ouvrir et de refermer l’utérus à l’aide d’une quinzaine d’agrafes, que « j’ai une sale tronche » alors que je suis à peine dé-sondée.
Non, cette fois, je filtrerai les visites. M’sieur Stache est prévenu, la famille avec. Il filtrera les visites. Je ne me retrouverai pas avec 15 personnes dans ma chambre. Cette fois-ci je ne me laisserai pas envahir par la fatigue et par les gens parce que je veux faire plaisir à la collègue de machin, au cousin au 15ème degré, aux amis du père du frère de la soeur de ma tante. Non. Je dirai non.