Je suis le genre de personne qui déteste le changement. Bon, disons-le honnêtement, je fuis le changement. Ça m’insupporte, ça me file la gerbe et me colle de l’herpès. J’ai à peine 28 ans, et, je l’avoue, j’aime mon petit carcan quotidien, mes petites habitudes de mamies. Je ne suis pas le genre de fille qui fait les choses sur un coup de tête, qui organise quoique ce soit au dernier moment ou sans un long cheminement intellectuel. D’une parce que ça me déstabilise totalement. De deux parce que qui dit changement, dit sortir d’un longue et indéfectible habitude de « procrastination ».
Alors, si deux ans plus tôt, on m’avait dit qu’en 2016, on obtempérerait un si gros changement, je me serais tout simplement marrée. Et, si en plus, on m’avait sorti que tout partirait d’une résolution de nouvelle année, je me serai étouffée avec ma gorgée de bière/vin/champagne…
Je ne prends jamais de résolutions, pour la simple et bonne raison que j’ai pris la bonne résolution, il y a de ça 5 ans, de ne plus prendre de résolutions. D’ailleurs, bizarrement, c’est la seule résolution que j’ai réussi à tenir dans le temps.
Pourtant, cette idée me trottait dans la tête depuis un certain temps, les sujets polémiques se multipliaient au fur et à mesure des mois. Un scandale sur tel ou tel produit explosait d’année en année. Cependant, l’ampleur de la tâche, et surtout du changement me semblait beaucoup trop importants, peut être même, insurmontables. Mais, par dessus tout, il fallait passer au dessus des habitudes, et comme on dit, « les habitudes ont la vie dures ». Des habitudes que l’on avait prises, l’un comme l’autre, depuis que nous étions petits. Des habitudes, des manies auxquelles on ne réfléchissait même plus et qui étaient devenues machinales.
J’étais enceinte de L. lorsque qu’un article (l’article de trop?) sur les ingrédients contenus dans les produits pour bébé est paru. Je ne pouvais plus faire comme-ci. Je me suis donc penchée sur le sujet et au fur et à mesure que je me renseignais, que je lisais, je tombais dénue (bon je me doutais déjà qu’il y avait anguille sous roche, mais peut être pas à ce point). Bien évidemment, je connaissais les vilains « paraben », « phtalates », « silicone », etc. Je les fuyais comme la peste. Je me sentais à peu près protégée. Sauf que, non. Malgré nos efforts, les produits que nous utilisions au quotidien, depuis notre enfance, comme une routine, nous empoisonnaient à petit feu. Et pire, empoisonnaient également notre planète. On peut se ficher de sa santé, mais pas de l’environnement et encore moins de la planète.
Il fallait que ça change. Il fallait que l’on change.
Nous nous sommes alors dit, que le début d’année serait un parfait point de départ. Je dis « nous » car dans l’histoire, Mr Stache a suivi l’aventure. Je pense que c’est important d’être deux pour affronter un tel changement. On se dit que ce n’est rien, que ça va être simple. Aujourd’hui, je peux, je pense, affirmer le contraire. A chaque fois que l’on retournait une étiquette, la liste des produits à rayer de notre quotidien se multipliaient.
Janvier est arrivé, il était temps de faire du tri. L’ampleur de la tâche était assez inquiétante, et il allait falloir opérer cette aventure de manière méthodique.
Nous nous sommes d’abord attelés à la salle de bain et plus particulièrement aux produits d’hygiène. Un an après, je ne regrette pas la méthode que nous avons mise en place.
Rien ne sert de vouloir tout faire en même temps, tout d’abord parce que ça prend du temps, mais aussi parce que, on ne va pas se mentir ça coûte de l’argent de devoir refaire son stock de produits.
J’ai d’abord fait un énorme travail de tri : d’un côté, jeter tous les produits périmés (et Dieu sait qu’il y en avait) et de l’autre donner les produits dont nous n’aurions plus l’utilité (oui je donne mon cancer en bouteille aux autres, je sais). Arrivé à ce stade, il ne nous restait pas grand chose. Après avoir terminé gels douche, shampoings, dentifrice et maquillage en cours, nous avons acheté des produits bio et sains. Et, surtout, nous avons réduit, bon ok, j’ai réduit (divisé par 5, je dirai) mes achats pour la salle de bain. Terminé les 12 shampoings à peine entamés qui s’entassent sur le rebord de la baignoire, bye bye laque, gel et autres produits aérosols… Désormais, je me pose la question suivante « en ai-je réellement besoin? ».
Dans notre salle de bain, on trouve – je ferai un article plus complet – :
Pour moi : 1 savon, 1 shampoing, un savon solide pour me laver le visage, 2 huiles végétales (visage et corps) et des huiles essentielles, un déo solide.
Pour le maquillage : un fond de teint, une poudre, un crayon, un mascara et du fards à paupière (pas bio, je l’avoue, mais à 50€ la palette, je ne me sentais pas de m’en séparer), un démaquillant et des débarbouillettes.
Pour Mr Stache : un savon, déo solide maison.
Pour les enfant : savon solide, une huile végétale d’amande douce, crème pour le siège (pour L.), du liniment oléo-calcaire maison, des débarbouillettes.
J’ai également énormément réduit ma consommation de médicaments « industriels » et préféré les médecines douces, et notamment l’aromathérapie qui marche étonnement bien sur ma SPA.
Les concessions ne sont pas toujours évidentes à faire et il faut dire au revoir aux habitudes/clichés bien ancrés. On oublie les odeurs de bonbons gélifiés dans le gel douche, de fleurs rose de l’Himalaya dans les cheveux. On dit bye bye aux gels douche et shampoings qui moussent, qui moussent! C’est une habitude à prendre, mais au départ, c’est un peu déconcertant, quand on a toujours été habitué à « si ça mousse, c’est que ça lave! ».
Au tout début nous achetions, mais, avec le temps, Mr Stache c’est vraiment pris au jeu et s’est transformé en « Jean-Michel DoItYourself ». En juin, nous avons tenté l’expérience du déo maison (terriblement efficace), et, depuis septembre, nous nous lavons avec un savon solide qu’il fait maison. La semaine prochaine, on tente le shampoing solide home made. On fait d’une pierre, deux coups, par la même occasion : on réduit un maximum nos déchets, puisque tout est quasiment solide et donc contenu dans des bocaux soit en verre soit en métal, ou bien dans des bols (pour les savons).
Résultat : cela doit faire 7 ou 8 mois que je n’ai pas mis les pieds au rayon hygiène et beauté de notre supermarché.
Une fois que la salle de bain a fini de subir le joug de notre chasse aux produits chimiques et dangereux, nous sommes passés aux produits ménagers. Là, rien de bien compliqué, mais il faut bien se renseigner, et apprendre en lisant. Pour faire le ménage efficacement pas besoin de Mr Propre, juste d’huile de coude, de produits de base naturels et surtout pas chers!
Aujourd’hui, absolument plus aucun produits ménagers industriels ne traîne chez nous. Bon, Jean-Michel DoItYourself y est pour beaucoup : lessive, produits vaisselle et lave-vaisselle, produits « désinfectant », « anticalcaire », tout est home made, by Sir Jean-Michel, of course!
S’en sont, par la suite, suivis de gros changements alimentaires, mais ça c’est une autre histoire (je vous en reparle très vite).
Le changement n’est pas simple mais avec un minimum d’organisation, il se fait facilement et coule de source, un petit changement en entraînant un autre, et ainsi de suite.
Il faut se mettre un bon coup de pied, mais, aujourd’hui, quasiment un an après, je ne regrette en rien notre décision. Les résultats sont là et on ne culpabilise plus de mettre ou d’utiliser des produits pas forcément clean sur nos enfants.
De mon côté, mon eczéma (que j’ai depuis la naissance) et mes allergies ont presque totalement disparu. E. et moi faisons beaucoup moins de crises d’asthme.
Beaucoup pensent que le « bio » coûte cher, je répondrai que non, en tout cas pour les produits d’hygiène. Tout simplement, parce que je pense que, quand on décide de faire la démarche du « mieux consommer » on doit mettre un énorme coup de frein à la surconsommation. Et, je pense que, de toute manière, il se fait naturellement. Avant janvier 2016, j’avais 3 fonds de teint, pourquoi? Je ne sais pas. Il y en a même un que je n’avais jamais ouvert… A présent, ça me paraît inconcevable.
A ceux qui pensent que c’est une mode, ben, là je n’ai pas grand chose à dire. Pensez-le si cela vous chante. Dans notre cas, en tout cas, le mieux consommer n’est pas une mode quelconque, de toute façon, je ne pense pas que ce soit une mode, je préfère penser que c’est une prise de conscience et non une conspiration du Larzac…
(comment ma grand-mère me voit aujourd’hui, – sans les poils -)
Bref, notre cheminement est loin d’être terminé et il continue sont petit bonhomme de chemin au fur et à mesure. Nous prenons notre temps, car comme un régime plus on prend le temps de perdre ses vieilles habitudes, plus les chances qu’elles reviennent, s’amenuisent pour mieux disparaître.
La suite au prochain épisode…