Publié dans Le parcours du combattant

Témoignages de Paranges : survivre au deuil périnatal – Natte de 7athome

En route pour le troisième témoignage de la semaine sur le deuil périnatal. Pour rappel, durant les prochains jours vous retrouverez sur le blog, des témoignages de parents qui ont perdu leur bébé. Cette action fait écho à la Journée Mondiale de Sensibilisation au Deuil Périnatal qui aura lieu Mercredi 15 Octobre.
Aujourd’hui, c’est la maman blogueuse  de 7athome, que je ne connaissais pas mais que j’adore déjà, une blogueuse mais surtout une mamange qui est venue me trouver pour parler de son petit Ange parti bien trop tôt…

Je laisse la place à cette super chouette et courageuse blogueuse :

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Lorsque j’ai vu l’appel à témoin de Mumcha, je dois dire que je n’ai pas hésité à lui proposer le mien. Pas pour avoir un quart d’heure de gloire, non, pour faire savoir que le deuil périnatal peut toucher n’importe quelle maman, sans signes avant-coureurs.

Mon histoire n’a hélas rien d’extraordinaire, mais elle a touché et touchera une femme sur cinquante.

Je suis une maman de 37 ans, une maman de 5 garçons dont seulement 4 vivent parmi nous. Il y a encore 6 mois, le mot deuil périnatal n’existait pas pour moi, je ne le connaissais pas ! J’ai donc continué à croire que les grossesses, passées 4 mois (sauf si graves malformations ou dangers pour la maman), étaient gagnées ! Erreur monumentale !

Avec Supermec l’année dernière, nous avons décidé de tenter le bébé 5, peut-être y aurait-il une fille de plus à la maison. Et puis je me suis dit que c’était le moment où jamais, avoir un dernier bébé avant mes 40 ans cela me laissait une marge de 4 ans.

Ma grossesse a débuté plus tôt que prévue. J’étais encore sous traitement à l’époque pour cause de burn-out,  il y a eu donc une foule de concertations avec les médecins, la pharmacovigilance pour savoir si ce petit bébé devait rester dans mon ventre. Nous avions 3 mois pour voir s’il y avait une malformation cardiaque, ou autres.
Comme je découvert ma grossesse très tôt, les médicaments ont été arrêtés à 3 semaines de grossesse, ce qui était très encourageant pour la suite.
Ce sont 3 mois que nous avons passé dans l’incertitude la plus totale, à ne pas savoir si ce bébé allait être là parmi nous ou non.

Puis la délivrance est tombée !

Tous les examens sanguins étaient parfaits, clarté nucale super bonne, aucune malformation, un beau bébé se préparait. Nous étions rassurés et remplis de la douce certitude qu’un beau garçon va venir embellir et agrandir notre tribu.
J’ai consciencieusement préparé son arrivée, appris le portage, bref tout était prêt à accueillir mon bébé.

À huit mois de grossesse, je me suis rendue à la visite mensuelle avec la sage-femme pour un monitoring de contrôle. Il était en siège décomplété et l’échographie s’imposait à chaque visite donc pas je n’ai ressenti aucune inquiétude lorsqu’elle me disait que l’on passait à l’écho car elle ne trouvait pas son cœur.
Nous sommes sortis de ce rendez-vous ravis et heureux de savoir que dans moins d’un mois bébé serait là !

Mais voilà, tout ne se passe pas comme on l’aurait espéré…

La semaine suivant cette visite, tout se déroulait normalement, jusqu’à ce qu’un soir, bébé se mette à bouger énormément. Je me souviens d’ailleurs  avoir pensé « Chouette, il se retourne vers la sortie ! ».
Le lendemain matin j’étais surprise qu’il ne m’ait pas réveillée. En temps normal il me mettait des coups de petons pour me lever. Je me suis cependant rassurée en pensant qu’il était fatigué de sa soirée Zumba.
La journée s’est déroulée, mais un sentiment bizarre s’insinuait de plus en plus dans ma tête. Il ne bougeait toujours pas, même quand je faisais des vagues sur mon bidon. J’ai tenté de me rassure encore en me disant que lorsque Supermec rentrerait, il se mettrait à bouger en entendant sa voix comme à son habitude.

Supermec est rentre, il lui a parlé… Et rien ne s’est passé …

Je me suis sentie glacée à l’intérieur, la panique m’a gagnée. J’ai essayé de ne rien laisser paraitre pour Supermec, pour mes enfants.
J’ai appelé discrètement les urgences, en expliquant que bébé n’avait pas bougé de la journée. A l’autre bout du fil on me taquine en me disant que bébé n’a plus beaucoup de place, qu’il doit être fatigué mais que je peux passer me rassurer.
J’ai appelé une amie pour qu’elle m’accompagne, je ne me sentais pas la force d’y aller seule. Peut-être avais-je déjà compris? J’espérais me tromper.

Mon amie me charriait en me disant que je m’inquiétais pour rien, qu’il n’avait tout simplement plus de place mais même ses phrases de réconfort n’y faisaient rien. Je me souviens juste que je serais juste très fort mon bola de grossesse en priant qu’elle ai raison.

La sage-femme m’a accueillie en souriant et m’a installée pour passer un monitoring. Elle plaisantait sur le fait que souvent les mamans en fin de grossesse ont besoin d’être rassuré. Comme à son habitude, le monitoring ne donnait rien, et nous passions donc à l’échographie. Bizarrement, je me suis sentie très mal, le doute était plus présent, mais je continuais de prier intérieurement en espérant me faire des idées…

Mes espoirs se sont envolés lorsque la sage-femme a prononcé cette phrase si anodine mais si pleine de sous-entendus pour moi « vous savez, je suis nulle en échographie ! » .
Là, j’ai compris, compris qu’elle cherchait une échappatoire, compris qu’il était parti, je ne voulais pas y croire.

Je me souviens avec le recul que l’auxiliaire puéricultrice s’était éclipsée discrètement, elle aussi, pour aller chercher mon gynécologue. Lorsqu’il est entré, j’ai vu la gravité sur son visage.
Mon gynécologue était toujours enjoué, plaisantant facilement, pas là, pas à cet instant. 

Je continuais d’espérer, de croire que tout allait bien. Il retournait l’écran de l’écho vers lui, je ne voyais plus rien mais je savais que ça n’allait pas. Je ne sais pas si des minutes ou des secondes se sont écoulées entre son arrivée et les mots qu’il a prononcé.
Il a remonté ses lunettes, je l’ai vu chercher ses mots, et lorsque sa main a pressé mon genou, les mots qu’il a prononcés se sont répercutés à l’infini dans ma tête, comme de minuscules éclats de verre, « l’activité cardiaque du bébé s’est arrêtée, je suis désolé « .

Il y a eu un cri, un hurlement sorti de nulle part, inhumain, mais en fait, c’était moi, moi qui criais, je ne sais plus combien de temps j’ai crié, je sais juste qu’à ce moment-là, j’aurais voulu juste partir, me réveiller et voir que tout ça était faux.

Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé entre l’annonce et le reste, je n’en ai aucune idée. 

S’en sont suivis les prises de sang, d’urine, les prélèvements vaginaux, l’échographie de confirmation. Bref, j’ai tout fait en pilote automatique, mon esprit était ailleurs. 

Je vais te passer les détails sur le reste, mais sache qu’il m’a fallu 4 jours de déclenchement pour que physiquement et psychologiquement, j’accepte de le laisser partir… Les gynécos m’ont dit que pour eux, j’y étais pour quelques choses, car avec 4 enfants avant j’aurais dû accoucher bien avant.

Nous avons pris nos décisions avec Supermec, pas d’autopsie, nous ne voulions pas lui infliger ça mais je comprends que certains parents en ait besoin !
De toute façon, Supermec était persuadé que le problème venait de son cordon. Il avait eu raison, après 4 jours de déclenchement, nous découvrons celui qui aurait dû être avec nous, dans nos bras, la bouche tétant avidement mon sein. Il est parti d’une triple circulaire du cordon ombilical. Le résumé post accouchement fait avec une gynécologue m’a appris que selon eux c’était soit le cordon, soit la mort subite in utero. De toutes les façons cela n’aurait rien changé.

Aujourd’hui avec un peu de recul, je me dis que j’ai besoin de parler de lui, de ce qui nous est arrivé, les parents endeuillés sont si mal informés, si mal soutenus.
Pour ma part, à ma sortie, on m’a juste donné un rendez-vous psy et un site internet à consulter !!!

 Aujourd’hui, je me bats pour que mon fils ne soit pas caché, que les parents endeuillés soient reconnus, que le deuil périnatal ne soit pas un mot et un sujet tabou ! C’est le combat que m’a enseigné la perte de mon bébé. Je suis désormais reconnaissante chaque jour envers la vie de voir mes fils grandir heureux, en parlant de leur frère.

Mon ange fait et fera toujours partie de notre famille et moi sa maman, je me battrai pour qu’il soit fier de moi.

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7 commentaires sur « Témoignages de Paranges : survivre au deuil périnatal – Natte de 7athome »

  1. Ton histoire me donne des frissons… J’espère que de la haut ton petit gars joue avec le mien… Je t’embrasse

    1. Merci pour elle… Chaque témoignage que je lis m’émeut au plus haut point… Même si la douleur est la même les histoires sont tellement différentes et tellement poignantes…

  2. Des témoignages très forts et touchants… Bon courage à toutes ses mamans….

    mais je vais sans doute rester loin des prochains articles, je suis actuellement enceinte et déjà très anxieuse de nature…

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