Publié dans On n'est pas que des mamans!

« C’est la vie » qu’ils disaient

Des mois d’absence, de longues semaines de distances, des heures à se voiler la face, à faire comme si.

2 mois, 2 longs mois sans rien écrire, sans rien te dire, sans donner de nouvelles.

J’ai lu dans un « bouquin » d’administrateurs de blogs qu’il ne fallait jamais s’excuser auprès de ses lecteurs, que l’on n’avait pas à se justifier. Oui, mais, non, ce n’est pas ma vision des choses, et je n’aime pas faire comme tout le monde. Je n’écris pas pour la postérité, ni pour les cadeaux, encore moins pour être connue ou reconnue, j’écris parce que j’aime ça, parce que ça m’a permis de rencontrer de très belles personnes qui se sont inquiétées pour moi, alors, oui, je ressens le besoin de m’excuser ou du moins de donner des explications.

La vie, peut parfois être une belle pute. Attention, je ne me plains pas, beaucoup sont plus malheureux et moins chanceux que moi, mais l’Être Humain a ce don, de ne pas voir plus loin que le bout de son nez, de se complaire dans son malheur et de s’afférer sur sa propre petite personne. Je le reconnais, durant ces derniers mois, j’ai été la première à le faire.
Un besoin de prendre le large, de me retrouver, d’autres diront de me lancer dans une introspection, de faire un retour sur moi, sur comment je devais appréhender les choses, comment je devais les prendre.

Dans mon précédent article, je te faisais l’état de mes états d’âme, ou plutôt de santé, j’avais commencé à poser les mots sur mes maux sans trop savoir par où commencer. Entre temps, les choses se sont envenimées et mon corps à commencer à me détester davantage.

Il a trouvé l’excellente idée de me faire connaître ma première crise aiguë, de ce que je croyais être une polyarthrite rhumatoïde, le jour de Noël, comme un cadeau venu des abysses de mon héritage génétique. Et comme si, ça ne suffisait pas, je m’en suis retrouvée réduite à « marcher » avec des béquilles et à ce que l’on me coupe ma viande, à 26 ans. Le goût du repas des fêtes de fin d’année a eu un goût amer et j’ai eu beaucoup de mal à le digérer.

Je me suis sentie amoindrie, inutile et totalement pommée au milieu de ces douleurs qui me faisaient ressentir tout mon corps. Il brûlait, il se recroquevillait, il me pesait, il s’écartelait comme pour laisser sortir mes articulations au grand jour. Je ne voulais qu’une chose, dormir. Dormir pour oublier, dormir pour ne pas avoir mal, dormir pour ne plus avoir à me lever. Je ne ressentais pas le besoin ni l’envie de me battre.

Il était là, l’apitoiement.

J’ai pris mes distances. Je me suis renfermée comme je sais si bien le faire. Je me suis tue pour ne par clamer au grand jour ma souffrance. Je ne voulais infliger ça à personne. Maturité? Obstination? Peur? Je ne saurai le dire.

Je ne trouvais de réconfort qu’entourée de mes proches qui ont été là pour moi. Chacun à sa manière. Certains sans trop (ne voulant) y croire, d’autres en me lovant d’un amour inconditionnel.
Puis il y au M’sieur Stache, toujours là, qui a repris les rennes de la maison, en plus de ses journées de travail, assurant le bon fonctionnement de notre vie de famille, s’occupant de Z. quand je n’ai pas pu le faire pendant ces longs mois, me soutenant toujours plus fort chaque jour alors que j’étais (comme trop souvent) exécrable.

Je souffrais physiquement mais aussi psychiquement. 26 ans, « infirme » par intermittence, incapable de m’occuper de mon bébé, de le changer, de le porter, de l’habiller, de lui donner son bain, inapte au travail, incompétente aux tâches ménagères, désarmée face aux douleurs qui étaient bien là. Quel était mon avenir?

Mon médecin traitant ne savait plus quoi faire, quoi me donner pour me soulager, pour faire taire, l’espace d’un instant, ce corps qui criait de tout son être sa douleur. Alors, elle a pris le partie de me shooter à la morphine. Au départ, à petite dose, puis plus fort, encore plus fort, toujours plus fort, jusqu’à ce que mon corps et moi-même se taisent. J’avais mal mais les éléphants roses m’aidaient à tenir le choc.

Puis, est arrivé LE rendez-vous, le rendez-vous tant attendu depuis de longs mois. J’allais rencontrer un rhumatologue, rhumato pour les intimes. Le verdict est tombée, une spondylarthrite ankylosante. Un mot bien barbare, qui fait mal rien qu’en le prononçant. Putain, mais j’allais devenir quoi, moi?

La spondylarthrite est un rhumatisme inflammatoire douloureux qui se caractérise par sa localisation préférentielle à la colonne vertébrale et aux articulations sacro-iliaques du bassin, avec un risque au cours de l’évolution de survenue d’un enraidissement progressif. Cette pathologie peut également atteindre les articulations périphériques (celles des membres inférieurs surtout) et d’autres organes comme la peau, l’oeil ou l’appareil digestif le plus souvent.

http://www.rhumatologie.asso.fr/

Ca y est, les mots étaient posés. Il fallait absorber l’onde de choc et tenter d’avancer. Je comprenais que les symptômes étaient là depuis des années sans que je sache que c’était elle qui se cachait derrière tout ça… Bouches et yeux secs, psoriasis, douleurs du bassin…   Je suis repartie avec mon traitement, un traitement qui ne fonctionne pas, mais un traitement quand même. Avec le temps, la crise est passée, j’accuse le coup et je commence à apprivoiser cette maladie. Il fallait que je me relève, c’était une question de vie ou de mort Z.

Il fallait prendre le taureau par les cornes. Il fallait se relever. J’ai décidé de le prendre avec philosophie, même si je suis loin de la conclusion, le baromètre du moral oscillant entre « oui, je vais bien! » et « non, mais pourquoi moi? ». Je me force à positiver pour eux, pour Z, pour moi. Après tout, je n’ai que 26 ans. Je veux montrer que je vais bien, même si pour le moment, ça tient plutôt du mur de façade fait par un enfant de 6 ans avec une truelle en plastique et de la pâte à modeler comme ciment.

Les gens s’inquiètent, s’interrogent et ont peur. Certains me placardent « Ca va, toi? » comme on poserait la question à un condamné à mort. Je ne veux pas qu’on me pose la question comme ça, je ne veux pas que les gens, que ma famille, s’inquiètent pour moi.

Je ne veux pas céder aux chants de sirènes de la complaisance.

Je vivrai avec ce passager noir, façon Dexter, en plus pailleté.

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« Tout conte de fée digne de ce nom requière son méchant. »
Source : http://muchpics.com/every-fairytale-needs-a-good-old-fashion-villain/

Parce que dans la vie des choses bien plus graves arrivent.
Parce que je n’ai que 26 ans et la vie devant moi.
Parce que j’ai un petit garçon en or qui a besoin de sa maman.
Parce que je ne veux plus qu’il passe sa main dans mes cheveux en me disant « a va aller ».
Parce que je ne veux pas être un fardeau.
Parce que je ne veux pas que ma famille souffre.
Parce que malgré tout, je continue à croire aux progrès de la médecine.
Parce que je ne veux pas tomber dans l’aigreur.

Parce que ce ne sont pas les autres qui diront « C’est la vie! ». C’est moi qui le dit.